Chemin de lumière, conte de Brocéliande au 21ème siècle.

Chemin de lumière, conte de Brocéliande au 21ème siècle.

Il était une fois, un guerrier de l’esprit dont la quête, l’essence était de réveiller en lui le chevalier de lumière qu’il savait sommeiller en lui. C’est dans les terres de Brocéliande qu’il fit la première rencontre lui permettant de comprendre la première clé de sa quête : être soi est le premier pas sur le chemin de lumière.

Lui, qui se drapait de noir quelle que soit la saison ou le lieu, savait au fond de lui que la lumière est en soi et non hors de soi, pourtant il avait l’intuition que dans la nuit la plus sombre, la plus noire, se cachait l’ouverture qui laisserait jaillir la lumière, aussi continuait-il sa quête, de lieu en lieu, de rencontre en rencontre.

C’est ainsi qu’il arriva entre printemps et été, dans un lieu bien dissimulé de Brocéliande, un monastère où l’on s’activait depuis la nuit des temps à soutenir et améliorer les soins qui pouvaient être apportés aux nécessiteux, aux malades et à tous ceux dont la souffrance pouvait trouver remède.

On lui offrit gîte et couvert, en échange de ses compétences car s’il n’y connaissait que peu en matière de soins et de santé, il était doué pour organiser la logistique, ce qui faisait cruellement défaut au monastère.

Dans un premier temps, notre apprenti vécut ainsi au milieu des sœurs et des moines, et ce fut pour lui un instant de paix et de repos dans sa quête qui finissait par lui peser parfois. Un repos, une pause bien méritée après avoir déjà fait de nombreux pas ces dernières années, et certains n’étaient pas de tout repos que ce soit pour le corps ou pour l’esprit.

Ainsi notre ami découvrit un peu de sérénité en ce lieu, retrouvant le plaisir de faire une tâche gratifiante en toute simplicité.

Le repos fut bref, deux mois tout au plus, quand le père supérieur vint à la rencontre de notre ami pour annoncer l’arrivée prochaine d’une nouvelle apprentie, venue tout comme lui apporter ses talents au monastère.

Cela n’inquiéta pas l’apprenti chevalier, car il avait pris goût à ses nouvelles rencontres au monastère toutes riches d’enseignements, lui qui avait tant parcouru son chemin spirituel en solitaire, avait trouvé là nombre de raisons de partager et de s’ouvrir aux autres.

C’est donc avec joie, malgré une légère appréhension face à l’inconnu, qu’il attendit l’arrivée de cette nouvelle apprentie.

Et le jour arriva, et tout changea, la nouvelle venue était différente, elle rayonnait, notre sombre ami était ébloui et ne réalisa pas immédiatement que chaque jour à œuvrer en sa compagnie devenait plus agréable, accompagné de tant de lumière, il en devint lyrique et coucha même ces quelques mots sur le papier :

white and pink cherry blossom

« Arrivée comme un pétale de fleur déposé délicatement par le vent,

d’un rayon de ta lumière dès cet instant la vie entière s’est illuminée.

Je n’ai pas réalisé à ce moment que cette émotion subite n’était pas éphémère,

c’était bien toi, le sourire de mes matins, la promesse de mes lendemains.

Difficile de ne plus penser sans cesse à ce soleil surgit dans une vie,

comment ne pas s’émerveiller chaque jour devant cette joie qui embellit. »

Et notre apprenti chevalier de lumière, baissa sa garde, armure et bouclier, éblouit, loin de son propre chemin, il suivait sans effort cette lumière qui ne venait pas de lui.

Là, bien mal lui en prit, les jours passèrent et à suivre cette lumière il en oubliait la sienne, mais comment aurait-il pu résister, transporter dans les cieux de son imagination, porté sur un nuage, il ne voyait plus rien d’autre et n’attendait que le lendemain pour juste partager du temps avec cette lumière venue d’ailleurs.

Vous vous dites sans doute que c’était grande félicité, qu’il ait ainsi trouvé par le plus grand des hasards une telle complicité, une telle chance d’être illuminé.

Vous faites grandement erreur si vous croyez cela car comme notre ami, vous allez apprendre douloureusement la terrible leçon.

Cette nouvelle venue n’était ni un ange, ni un sauveur, juste un être de plus parmi tant d’autres mais qui dégageait effectivement sa lumière, la partageant sans arrière-pensée, jusqu’au jour où elle réalisa qu’elle avait pris le chevalier dans ses filets lumineux. Complètement affolée, terrifiée par ce qu’elle avait fait sans le vouloir, elle s’empressa de dresser un voile de ténèbres autour d’elle, plus sombre encore que les habits de nuit de notre acteur en ces pages.

Et sachez-le, quand un être lumineux agit ainsi, sa noirceur est tout aussi terrible que sa lumière était éblouissante, c’est une noirceur qui ne fait pas qu’assombrir l’ambiance, elle vous touche l’âme. De la même façon qu’elle pouvait apporter du bien, elle n’apportait à présent plus que souffrance, inquiétudes, effrois et terreurs.

Ils étaient déjà évanouis les jours du repos et de chaleur, notre ami chercha vite son armure, son bouclier et toutes ses armes pour se protéger, mais le mal était fait, et il commença à se morfondre dans les affres où il s’était perdu tout seul, aveuglé qu’il était par quelque chose qu’il trouvait hors de lui en sachant pertinemment que sa quête était en lui et non en dehors.

Que de pas en arrière, il venait de faire en se laissant aveugler par ses propres mensonges et mirages, qu’il serait compliqué de récupérer ce temps perdu.

Pourtant un petit quelque chose fit son apparition au milieu de la nuit la plus noire, des ténèbres les plus sombres et du désespoir. Un léger frisson venant du dos et se prolongeant jusqu’au sommet du crâne de notre ami, lui fit prendre conscience qu’il avait toujours son ange gardien, cette petite voix, cette intuition qui le guidait et se concentrant sur cette sensation, soudain une étincelle en lui vit le jour, rallumant cette lumière qui donne du sens à la vie de chacun. Cette lumière en soi qui est notre guide et notre chemin, et soudain l’apprenti chevalier de lumière comprit la leçon qui lui avait été enseignée en ce monastère.

Il n’est point de lumière hors de toi qui puisses t’éveiller, chercher en l’autre ce que tu dois trouver en toi, ne serais que quête sans conscience et perte de temps, chacun a sa lumière et s’il est possible de partager un chemin de lumière, il est illusoire de suivre le chemin d’un autre, c’est même dangereux, car l’illusion est tenace et à suivre cet autre, tel le papillon, on finit par ne plus voir son chemin et c’est fatal.

Apaisé notre ami, avec cette révélation, comprit que sa quête continuait, et que d’autres faux pas, risquaient de lui apprendre douloureusement, que le chemin de lumière était le sien, et qu’il fallait déjà se trouver soi avant d’aller vers l’autre. Il était penaud de son erreur et bien plus encore conscient d’avoir pu blesser l’autre apprentie en l’obligeant ainsi à cesser d’être lumineuse pour se protéger. Double leçon donc, suivre son propre chemin et ne pas piétiner celui des autres.

On dit que dans chaque quête, aucune rencontre, aucun événement n’est inutile, il y a toujours une leçon à retenir, notre ami pouvait reprendre sa quête, cette leçon-là était apprise.








4 réflexions sur « Chemin de lumière, conte de Brocéliande au 21ème siècle. »

  1. Bonjour,
    Merci pour ce texte que j’ai lu avec passion (il me semble que je l’avais déjà lu…)
    Il me parle car il fait écho à ce que je vis actuellement dans mon couple qui, se meurt, hélas.

    C’est un message universelle que ce récit relate.
    Cordialement.
    Boris

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