Le lac de Trémelin, conte de Brocéliande au 21ème siècle

Le lac de Trémelin, conte de Brocéliande au 21ème siècle

Il était une fois dans les contrées bretonnes, un endroit symbolique où se trouvait un lac entouré de bois et de champs. C’est en ce lieu que fut guidé un homme, tout de noir vêtu, il semblait à la recherche de quelque chose, en quête… 

Arrivé au bord du lac, il faisait les cent pas tout en marmonnant pour lui-même, d’un son à peine audible : “et merlin, et merlin, oui mais qu’est ce que ça veut dire ?”. 

Il marmonnait ainsi perdu dans cette pensée depuis quelques minutes déjà quand soudain : 

  • qui êtes vous ? 

Une voix surgit de nulle part venait d’interrompre l’homme penché sur sa réflexion, redressant la tête, surpris, il aperçut une femme, l’air interrogatif qui le regardait attendant une réponse. 

Elle n’était point grande, et semblait bien douce, comme sa voix qui venait de poser la question. Serré dans son habit, elle dégageait quelque chose, une sorte d’énergie lumineuse. Spontanément l’homme avait envie de lui faire confiance, comme si c’était juste naturel, elle ne lui inspirait nulle crainte, pourtant elle avait surgi de nulle part sans qu’il la voit arriver et il était pourtant d’un naturel assez vigilant pour être surpris, d’avoir été surpris… 

  • qui êtes vous ? répéta-t-elle avec la même douceur que précédemment
  • je suis, euh, je suis… l’homme ne semblait plus trouver ses mots et son agacement se lisait sur son visage. 
  • Ne vous inquiétez pas, parfois l’idée nous échappe, marchons ensemble si vous le voulez bien ça devrait vous revenir. Et elle commença à suivre un sentier qui débutait non loin de l’endroit où il s’était rencontré
  • Il lui emboîta le pas, sans trop savoir pourquoi, et puis il voulait répondre à sa question il savait qui il était, mais les mots ne sortaient pas de sa bouche.
    J’ai aussi une question dit-il, savez vous ce que veut dire “Et Merlin” et puis qui êtes vous, vous-même, d’où venez vous ? je ne vous ai pas vu arrivée. 
  • elle émit un léger rire, ça fait plusieurs questions et non une seule mon ami, répondit-elle mais je vais vous répondre puisque moi, je sais qui je suis.

La remarque agaça visiblement l’homme mais il attendit en silence tout en marchant aux côtés de la dame. 

  • Je suis celle que vous deviez rencontrer en ce lieu, vous ne m’avez pas vu arriver car j’étais là avant vous, peut-être que le fait de penser de façon obstinée à votre première question vous a empêché de me voir ?
  • Non non dit-il vous n’étiez pas là avant, je suis arrivé, j’étais bien attentif car je pensais voir la réponse à “Et Merlin” en arrivant ici, tout le monde m’a dit va en cet endroit là tu trouveras la réponse
  • la réponse mais vous avez plusieurs questions gloussa-t-elle gentiment, comment ne pourrait-il n’y en avoir qu’une seule pour vous répondre. 

Tout en marchant, l’homme se sentit gêné à nouveau par cette remarque, et se renfrogna quelque peu de se faire moquer, même si c’était fait gentiment. 

  • laissons cela pour l’instant, peut-être que la balade en ma compagnie vous apportera réponse tout simplement. Puisque vous parlez de “voir la réponse”, regardez, voyez vous cet arbre sur le côté du chemin ?

L’homme s’intéressa enfin aux alentours, réalisant qu’il n’avait eu d’attention que pour la dame depuis plusieurs centaines de mètres qu’ils marchaient presque épaule contre épaule. Il se fit la remarque pour le coup, qu’il n’était plus attentif et vigilant comme il l’avait prétendu quelques secondes avant. En ces lieux inconnus où chaque fourré ou arbre pouvaient dissimuler aisément une menace, ce n’était pas très prudent. 

Il examina donc plus attentivement, ils avaient suivi le chemin au milieu des bois et étaient arrivés à un tournant qui avait une particularité, sur le côté gauche une pinède, sombre bordait le chemin et sur le côté droit, chênes, châtaigniers, hêtres et charmes formait le bois jusqu’au bord de l’eau du lac dont apparemment le chemin faisait le tour. Ce qui était particulier c’est que tous les arbres feuillus tournaient la majorité de leurs branches vers l’eau semblant fuir la pinède et chercher la source d’eau. 

L’arbre qu’elle désignait l’un des plus gros n’avait pas une seule branche en direction de la pinède, ce chêne vénérable avait mis toute son énergie en direction du lac, au point qu’une grosse branche très lourde et presque aussi longue que l’arbre était haut, n’aurait pu sans doute tenir sans une particularité qui amusa l’homme, un autre arbre tout petit avait poussé sous la branche en question comme une béquille pour qu’elle puisse continuer sa progression. 

  • oui je le vois mais quelle réponse montre-t-il ?
  • peut-être qu’il nous dit que nous avons toujours besoin de plus petit que soi, dit-elle le regard pétillant. 
  • c’est une bonne leçon effectivement et une réponse qu’il donne à voir. mais ça ne répond pas à la mienne “Et Merlin”
  • c’est vrai, mais vous n’avez pas répondu à la mienne non plus, elle reprit la marche sur ces mots attendant visiblement une réponse : qui êtes vous ?
  • Je suis … je suis un homme qui est en quête, finit-il par répondre agacé par lui-même de ne pas trouver cette réponse évidente. Il fut aussitôt interloqué par la réaction de la dame. 
  • Non, ce n’est pas ce que vous êtes, marchons plus longuement peut-être trouverez vous la réponse
  • Mais, mais, si c’est ce que je suis, on m’a confié une quête qui débute par ce lieu où je dois trouver “Et Merlin” je cherche depuis le début du voyage le sens de ces mots et je pensais voir la réponse en arrivant ici, mais rien pas d’illumination, juste vous et vos questions et vous prétendez que vous êtes celle que je devais rencontrer en ce lieu.
    Êtes vous “Et Merlin” on m’a laissé entendre qu’il était question d’un grand homme de pouvoir, et vous êtes une femme toute menue, certes charmante et lumineuse, mais ça ne colle pas. Il avait le regard amusé pour finir après ces mots, comme si cette histoire devenait une belle plaisanterie, mais au moins la balade était agréable, caressés par le soleil et bercés par le bruit de l’eau. 
  • Elle s’en amusa également, non je ne suis ni l’objet ni le sujet de votre question, je suis juste le guide de vos pas pour ce jour et vous n’avez pas compris ma question car vous me répondez ce que vous faîtes et non ce que vous êtes. Si votre quête vous définit, vous avez un souci. 
  • Non effectivement, vous avez raison, mais je ne trouve pas les mots, pour vous dire qui je suis, c’est l’objet de ma quête, je sais qui je suis, mais je n’arrive pas à répondre. On m’a dit va là et merlin, tu trouveras la réponse. 
  • Ah donc ma question est bien celle qu’il faut poser : “qui êtes vous ?”

L’homme se sentait perdu avec cette femme, il venait chercher des réponses et se retrouvait avec d’autres questions, tout se bousculait dans son esprit, il était encore plus confus qu’avant de venir en ce lieu qui était sensé le libérer. Son esprit était comme une marmite bouillonnante pleine de bulles. 

Soudain il perçut une bulle plus qu’une autre dans cette image qui lui était venue : Esprit. Ce mot débloqua quelque chose en lui et c’est soulagé qu’il dit : 

  • je suis un esprit ! 
  • Non, ce n’est pas ce que vous êtes, marchons plus longuement peut-être trouverez vous la réponse, et elle continua à suivre le chemin le laissant pantois devant cette remarque. 

Un moment de silence s’en suivit, l’homme avançait perdu à nouveau dans ses pensées

  • la dame s’arrêta à nouveau et désignant un morceau de bois moussu, demanda : et là que voyez vous comme réponse

Un peu dépité l’homme observa et ne vit tout d’abord qu’un morceau de bois recouvert de mousse dans une partie un peu marécageuse du bord du lac, rien d’exceptionnel et aucune réponse c’était certain. 

  • Regardez mieux, venez à côté de moi, observez… 

Il obéit et en se positionnant à son côté dans l’axe du morceau de bois, il plissa les yeux et soudain eut l’impression qu’une créature le regardait de ses deux yeux. 

  • quelle magie est-ce là s’écria-t-il ?

Soudain le morceau de bois sembla prendre vie et un visage apparut dans le camouflage de mousse, puis deux bras puis deux jambes et la créature s’empressa de détaler comme un lapin, son camouflage étant démasqué

L’homme restait muet après ce spectacle complètement éberlué de ce qui venait de se passer

  • C’est un habitant de ce lieu dit-elle devançant la question qui allait suivre, un esprit de la forêt, donc si vous étiez un Esprit vous l’auriez vu malgré son apparente immobilité. 
  • Je vous ai dit ça car c’est la réponse qui m’est apparue à l’esprit. 
  • Oui vous avez un esprit c’est une partie de la réponse sans doute, mais ce n’est pas ce que vous Êtes, toute à l’heure vous m’avez dit que vous étiez ce que vous faîtes, maintenant vous me dîtes que vous êtes ce que vous avez.
    Je vous le redemande  : qui êtes vous ?

Il commençait à s’agacer car elle remuait la lame dans la blessure qui l’avait mené en ces lieux, il marcha un peu plus vite mais le elle cheminait à son côté sans effort apparent. 

  • Je suis, je suis… Il cherchait encore les mots qui ne voulaient pas venir, pourtant il sentait que c’était là quelque part tout proche. Il était en quête de la réponse, il avait un esprit, il était, il regarda alors son reflet dans le miroir de l’eau du lac, il vit un homme mature, dans la force de l’âge, de noir vêtu mais sans être lugubre, le cheveu légèrement grisonnant, dégageant une forme de calme force apaisante. 

Je suis un guerrier car j’ai une force en moi s’exclama-t-il spontanément ! 

  • Non, ce n’est pas ce que vous êtes, là encore vous me dites que vous êtes quelque chose par votre apparence, ne voyez vous pas que l’apparence n’est que l’étiquette que d’autres peuvent voir en où ? ce n’est pas ce que vous êtes, réfléchissez. 
  • Vous m’agacez on m’a dit que vous la réponse à mon souci était Et Merlin en ce lieu, je pourrais vous répondre si vous aviez répondu à cette question qui m’a mené ici. Vous avez prétendu être celle que je devais rencontrer en ce lieu, mais vous ne m’aidez pas. Il se renfrogna dans le silence sur ces mots. 
  • C’est vrai pardonnez moi, je vous questionne mais ne vous donne pas de solutions.
    Laissez-moi vous éclairez un peu sur ce lieu, peut-être comprendrez vous pourquoi vous cherchez “Et Merlin”
    Vous venez de voir un peu de magie de ces lieux 

l’homme songea que d’ailleurs perdu dans sa réflexion il n’avait toujours pas compris comment un morceau de bois moussu pouvait être vivant, 

  • et c’est la première chose à réaliser ici. La magie est là où vous ne regardez pas, car vous n’êtes pas aussi attentif que vous le pensiez.
    Vous pensez être un guerrier, avoir de l’esprit, faire une quête, mais en ce lieu de résonnance magique, ça  a un autre sens et vos sens commence à le percevoir, c’est pour cela qu’un peu guider votre regard a su voir ce qui est toujours là, mais que la plupart ne voit pas. 

On vous a dit de venir en ce lieu car en ce lieu, les sens que vous avez sont à la porte d’une autre découverte, peut-être la réponse à votre question ou à la mienne ? 

  • Comment ça je ne comprends pas, quel lien entre nos questions ? vous me dîtes que la réponse à qui je suis est liée à la question de “et merlin”
  • Pourquoi pas ? peut-être est-ce vous Et merlin dit-elle en riant gentiment
  • Non, ça je sais que ce n’est pas ce que je suis
  • Ah vous pouvez me répondre alors : qui êtes vous ?
  • Je suis, je suis… non décidément la pensée lui échappait, si proche et si lointaine en même temps. Il sentait que c’était là quelque part tout proche au cœur de lui même et soudain il comprit, il vit la lumière, là niché au creux de son cœur, l’intuition qui éclaire et qui donne la réponse : Je suis MOI. répondit-il calmement
  • C’est exact confirma-t-elle c’est la réponse à cette question.
    Vous auriez pu répondre par un nom, une profession, une action que vous faites ou une possession que vous avez, et vous avez essayé ces réponses, mais effectivement ce que vous êtes, c’est VOUS, tout simplement. 

L’homme senti comme une chape de plomb se fissurer en lui à ces mots, c’était tellement évident, nul besoin de titre, de quête ou de posséder quoi que ce soit, la réponse à ce qu’il était, était qu’il était, juste LUI. 

Il se sentait comme libéré de toutes les autres certitudes comme si seul comptait cette connaissance de SOI, tout le reste passait au second plan. Il se retourna pour remercier sa guide mais à sa grande surprise elle n’était plus là, ne restait dans l’air que la trace d’une poussière lumineuse qui s’envolait au vent. 

  • Merci murmura-t-il au vent. 

Il songea à nouveau à l’idée qui l’avait mené en ce lieu “Et merlin” ?
lança-t-il au souffle du vent puisque seul à nouveau pour répondre à sa question

C’est alors que son regard fut attiré par un panneau qui était fiché au bord du lac non loin de l’endroit où il était arrivé : “Lac de Tremelin” et soudain tout s’éclaira dans son esprit, l’image des lettres sur le panneau sembla bouger sur le panneau et il put lire : “Lac de Et Merlin” !

Le vent souffla sur lui alors que la vérité de l’anagramme lui apparut et dans un souffle il entendit : 

  • Oui, Guerrier de l’Esprit en ce lieu tu devais venir pour trouver ton identité. La quête ne fait pourtant que commencer, tu dois réellement devenir un guerrier de l’esprit, un chevalier de lumière, laisse “l’âme agit” te guider, tu as retrouvé ton identité, ton âme, elle sera le guide de tes sens pour voir au-delà des apparences car tu es dans la demeure de Merlin, sur le perron de la forêt de Brocéliande, là où bien des choses sont possibles car imprégné de son enchantement. 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Licence Creative Commons
Sauf indication contraire, Istor Ha Breiz by Gérard et Gwendal Boulé est concédé sous licence Creative Commons Attribution-NonCommercial-NoDerivatives 4.0 International
%d blogueurs aiment cette page :