Suscinio, château de Rhuys.

Suscinio, château de Rhuys.

Pour une raison inexplicable, ce château situé sur la presqu’île de saint Gildas de Rhuys, dans le Morbihan a toujours provoqué chez moi comment dire, une sympathie, un sympathique attrait, sans que je puisse vous dire pourquoi. 

Car d’aucuns diront qu’il n’a pas la magnificence du château de Nantes autre lieu emblématique des Ducs de Bretagne ou l’histoire architecturale du château de Fougères place forte des marches de Bretagne. 

Certes j’en conviens, cependant l’histoire de Suscinio vaut bien d’être contée car elle a le charme de cette vieille bâtisse heureusement préservée, quand de tant d’autres, il ne reste que des ruines.   (St Aubin du Cormier par exemple, né dans le même contexte historique)

Tout commence au début du 13ème siècle, avec le personnage emblématique, Pierre de Dreux, qui deviendra baillistre de Bretagne sous le règne de Philippe-Auguste, Roi de France et adversaire des Plantagenêts d’Angleterre, pour mémoire : bataille de Bouvines, Richard coeur de Lion et Jean sans Terre, cela devrait vous rappeler deux trois cours d’Histoire. 

NB : le baillistre est en résumé le tuteur légal d’un noble mineur, chargé en son nom de la gestion du fief, Pierre de Dreux le fut pour la Bretagne d’abord pour son épouse Alix de Bretagne puis pour leur fils pendant ses jeunes années : Jean Ier de Bretagne… Je vous passe les querelles de successions de cette époque pour le duché de Bretagne, un seul article n’y suffirait pas… 

C’est dans ce contexte, en 1218 que Pierre de Dreux, donc baillistre de Bretagne et fidèle de la couronne de France car lui même descendants des capétiens et fait chevalier par Philippe-Auguste aurait posé le premier logis de Suscinio, alors simple manoir pour la chasse, car la forêt de st gildas de Rhuys aurait semble t’il été fort giboyeuse… 

On trouve d’ailleurs encore aujourd’hui sur les murs de Suscinio de nombreuses références aux gibiers qui devait l’entourer et alimenter ses greniers. 

A la suite de Pierre, son fils Jean 1er dit le roux, poursuivit la construction et aurait également fait enclore le domaine forestier l’entourant. Empiétant petit à petit sur des terres du prieuré de st pabu, dans le contexte de guéguerre avec le clergé, comme son père avant lui. 

C’est aussi à cette époque que la chapelle jouxtant le château serait née, notamment connue pour la découverte lors de fouilles, d’un pavement ouvragé de grande taille et de toute splendeur, aujourd’hui visible dans le château. 

Cela démontre en tout cas l’importance de Suscinio pour ses deux personnages de l’histoire de Bretagne, et lui confère sans trop d’hésitation, le titre de château des Ducs de Bretagne (avant que Nantes lui vole la vedette sans doute)

Ces deux personnages sont emblématiques de la structuration “centralisatrice” du duché/royaume de Bretagne, en parallèle de ce qui se passait de façon assez similaire à l’époque dans le royaume de France, sur fond de rivalité avec l’Angleterre des Plantagenêts qui mènera à la tristement célèbre guerre de cent ans… 

Mais l’histoire de Suscinio sera concernée par une autre rivalité celle des Blois vs Montfort qui marque un épisode phare de l’histoire de Bretagne : la guerre de succession… 

Et le château suite à la reconnaissance de Jean de Montfort comme seul Duc de Bretagne, connaîtra sa deuxième évolution, étiquetée donc “période Montfort” après la période “Dreux”. 

Ce sera sans doute la grande heure du manoir devenu château et qui finira sans doute par approcher l’aspect qu’on lui connaît aujourd’hui. 

Tributaire de l’Histoire de France, indirectement, Suscinio sera l’enjeu de plusieurs périodes historiques, passant de main en main, pour finir par être géré par des capitaines puis gouverneur au nom de leurs nobles propriétaires successifs. 

Il aurait pu ensuite disparaître dans les aléas de l’histoire (la révolution notamment) et s’il en est fallu de peu que cette réserve de matériaux de construction, ne soit plus que ça, et qu’il n’en reste aujourd’hui que les fondations voir même rien. 

classé Monument Historique en 1840 cela assura sa survie en l’état, et si les visiteurs de 1974 se souviennent encore des tours et logis sans toiture, vous aurez la chance aujourd’hui de le découvrir grandement restauré.                     

Et ce grâce à son rachat par le Conseil Général du Morbihan en 1965, le châteaufait l’objet d’importants travaux de restauration et retrouve sa grandeur d’autrefois.

Je vous laisse découvrir les photos prises à l’été 2017, tout en vous invitant à le découvrir par vous même car la visite est aujourd’hui très bien optimisée et mise en valeur et ça vaut le détour comme on dit…

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